L'Impasse

Livre 3

L'Impasse

Les grands projets - qu'ils se cachent derrière le paravent de la rénovation urbaine comme le plan Manhattan ou qu'ils démontrent la mégalomanie de quelque potentat ou système politique - écrasent l'homme, seul, sans défense, broyé par une machine administrative et juridique bien huilée. L'humain face à la technologie et à ce qui est présenté comme le 'progrès' est démuni et anéanti.

L'expérience vécue par les habitants du quartier Nord transparaît à chaque page d'un petit roman édité à compte d'auteur en 2009 et intitulé : L'Impasse.

Toute adaptation - théâtrale, cinématographique, en bandes dessinées - est ainsi désormais envisageable moyennant l'autorisation préalable de l'auteur ou de ses ayants droits.

Le livre 3 est donc une vision romanesque du vécu des habitants du quartier Nord. Une version Kindle est disponible ici.

Extrait du début du chapitre 1 :

"L’horloge pointeuse de l’atelier indique 16 heures 52. Jérôme Mounen se retrouve derrière son établi. La journée s’est déroulée toute entière chez un client des Entreprises générales de construction Flaget, société anonyme. Il y a placé une bibliothèque murale imposante, en merisier.  Pour lui, entamer maintenant un nouveau travail n’a guère de sens. Il ne l’achèverait pas.  Il range soigneusement ses outils dans son coffre en bois aux dimensions impressionnantes. Ce coffre, il l’avait fabriqué lui‐même, à quatorze ans, alors qu’il était apprenti. Une fébrilité certaine règne dans l’atelier. C’est la veille des « congés payés du bâtiment ». Chaque menuisier s’efforce de mettre de l’ordre dans ses affaires avant que la sonnerie ne retentisse à 17 heures précises.

Voilà déjà 19 ans que Miguel a quitté son pays. Pourtant, ici, tout le monde continue à l’appeler familièrement « l’Espagnol ».  Son regard sombre plonge dans celui de Jérôme :
‐ Range bien tout, le vieux. Je te ramène chez toi comme prévu...
« Le vieux » : son tour était venu d’être surnommé « le vieux ». Mais, demain, il se réveillerait tout jeune, le plus jeune des retraités.   Peu loquace, il sourit à Miguel en guise de remerciement.  Bien souvent il s’était demandé comment ramener chez lui tout son matériel, d’autant plus précieux à ses yeux que la plupart des outils, il les avait aussi fabriqués lui‐même, réparés, bichonnés, limés, aiguisés au fil des ans. Et pendant toute une vie, chaque matin vers 7 heures, chaque soir après 17 heures, la besace sur l’épaule, il enfourchait son vélo. Aujourd’hui tout transporter sur sa bicyclette nécessiterait de nombreux trajets. Prendre un taxi serait la solution du bon sens à laquelle il faudrait se résoudre, mais le montant du déplacement le préoccupait. Et puis l’Espagnol avait abordé le sujet et proposé ses services. « Un petit détour, avait‐il simplement précisé. Après ça, toute la famille embarque et on file vers le pays natal cette nuit encore. » Tout à coup, la sonnerie tant attendue résonne. Tous se précipitent vers le vestiaire et se débarbouillent au plus vite. Jérôme prend son temps et le contremaître en profite pour le retenir.   C’est un homme qui veille au bon fonctionnement de l’atelier depuis des années ; avare de compliments, il n’en apprécie pas moins le beau travail :
‐ Un bon ouvrier comme toi, ça va me manquer. Tu connais le métier jusqu’au bout des ongles. Il est vrai que maintenant, on ne soigne plus le travail comme jadis. Quant aux jeunes, ils ne pensent qu’à gagner plus et avoir davantage de congés... Enfin...
Puis il lance à la cantonade : Je rappelle que Monsieur Flaget offre un verre dans son bureau en l’honneur du vi... de Jérôme."

Téléchargez le roman l'Impasse de Willy Hauwaert.